André Socard Conseil |
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Télécommunications,
Transmission : |
Présentation générale de cette page :
Cette page a pour but d'expliquer de façon simple le bruit thermique dans un système de transmission et les formules associées. Des cours plus théoriques sont disponibles, nous proposons un exposé simple et démonstratif, en espérant apporter ainsi une contribution afin que le praticien comprenne mieux ces phénomènes. A la formule de combinaison des facteurs de bruit (formule de Friis), nous ajoutons la formule très utilisée en transmission, formule de combinaison des rapports signal à bruit. Cette formule approchée est particulièrement simple d'emploi, nous en montrons les limites d'utilisation.
Les exemples et ordres de grandeur sont le plus souvent donnés pour la transmission de signaux de télévision, en système "franco-français" L.
Les différents types de bruit :
Le signal qui contient les informations que nous cherchons à transmettre est détérioré par des parasites, parfois d'origine externe au système de transmission (exemple bruit galactique dans une réception spatiale, ou parasites d'origine industriels) ou internes au système de transmission. Afin de s'affranchir de ces défauts, ou du moins limiter leurs effets, nous les estimerons. Pour limiter leur impact sur les informations à transmettre, nous utiliserons des types de modulation robustes et en numérique des codes correcteurs d'erreur. Mais limitons nous dans l'immédiat à évaluer ces bruits.
Le bruit thermique est le résultat de l'agitation des électrons des conducteurs (résistances) sous l'action de la température. Il croît avec la température. La densité de puissance de ce bruit s'exprime en Watt par Hertz, et est constante avec la fréquence : ce bruit est "blanc". Ceci est parfaitement vrai pour les domaines de fréquences habituellement utilisés en transmission.
Nous travaillons sur
des systèmes où l'impédance est adaptée et la puissance de bruit est alors :
N
0= k T DF
avec k = 1,38 10-23 J/°K
T température du conducteur en degrés
Kelvin
DF
la bande passante en Hertz
N 0
est la puissance du bruit, dans
la bande DF, en Watts
Application numérique | |
1. | Pour
t de 15°C, T est donc de 288,15°K et la puissance de bruit est
donc de 4.10-21 Watt/Hz ou -174 dBm/Hz (30+10.LOG10(4.10-21). Cette valeur est bien connue des transmetteurs : la puissance de bruit, à la température ambiante est de N0 = -174 dBm/Hz ou pour 1 MHz, de -114 dBm dans 1 MHz. |
2. | En télévision, en
modulation d'amplitude à bande latérale atténuée MA/BLR (AM/VSB en
Anglais), l'usage est d'exprimer le niveau de la porteuse en tension
efficace, en crête de modulation, c'est à dire pour le standard L,
modulation positive, la tension efficace de la porteuse lorsqu'une
luminance de blanc est transmise, et en modulation négative(standard
B,G ou M), lorsque le
top de synchro ligne est transmis. Notons que la puissance correspondant
à cette tension n'est pas la puissance moyenne, mais la puissance de la
porteuse en crête de modulation. On parlera donc de niveau (ou en
Anglais de level). Par souci d'homogénéité, la puissance de bruit est également exprimée en tension. |
3. | En standard de télévision L, le bruit est exprimé dans une largeur de bande de 5,58 MHz (pour en savoir plus, suivre ce lien). L'usage veut que l'on se réfère à une température de 300°K (soit 27°C environ). La puissance de bruit est de 2,3.10-14 Watt, soit une tension V en Volts telle que V² = 75 x 2,3.10-14 (impédance utilisée de 75 W), donc V = 1,32 µV ou 2,4 dBµV, valeur bien connue des pratiquants du domaine. |
4. | En standard de télévision B ou G, on exprime habituellement le bruit dans une bande de 5 MHz, le niveau de bruit est alors de 2 dBµV |
5. | Aux USA, en système M/NTSC, le bruit est exprimé dans une bande de 4 MHz, et le niveau de bruit est alors de 1dBµV. |
Si nous parlons de rapport signal à bruit HF ou CNR (pour Carrier to Noise Ratio) avec des étrangers, ou bien si on consulte des spécifications de lien de transmission, il est nécessaire de bien faire attention à la bande passante dans laquelle le bruit est exprimé. Dans les spécifications européennes, souvent on spécifie le CNR dans une bande de 1MHz, afin d'éviter des erreurs et malentendus. Si on discute pour un dixième de dB, cela peut venir de la température ambiante qui a été fixée de manière souvent arbitraire. |
Outre le bruit thermique
qui est l'objet de cette page, on distingue :
Le bruit de grenaille (shot noise) que l'on rencontre notamment lors de la réception optique. La diode de
réception est une diode PIN, le photon incident déclenche, s'il a assez
d'énergie, l'émission d'un électron, avec une certaine probabilité. Ce type
de bruit se rencontre dans toute jonction p-n et dans les transistors
bipolaires. Il faut que l'énergie du photon incident permette le franchissement
de la barrière de potentiel de ces types de composants. Dans un récepteur
optique, nous aurons le bruit de grenaille ou shot noise, et l'amplificateur du
récepteur (en général du type transimpédance) apportera du bruit thermique
vu ci-dessus.
Le bruit rose, ou flicker noise, (ou également bruit
de scintillement ou de papillotement) qui a la différence des bruits
précédents pratiquement blancs, est un bruit basse fréquence et dont la
densité spectrale est en 1/f, f désignant la fréquence.
Le burst noise ou bruit popcorn, bruit d'assez basse
fréquence , dans le domaine des fréquences audibles, et donc
habituellement non rencontré dans nos systèmes de transmission, aux
fréquences élevées, surtout après modulation.
On peut modéliser
ces différents bruits, mais moins précisément que le bruit thermique.
Intéressons nous au bruit thermique, et faisons quelques remarques préliminaires pour comprendre comment évolue le niveau de bruit, et donc le rapport signal à bruit dans une chaîne de transmission.
1. Le bruit et le rapport signal à bruit en différents points d'un câble.
Le praticien considère en général que le rapport signal à bruit n'est pas, ou du moins peu affecté par la présence d'un câble de liaison. Je vous propose d'examiner ce cas simple avec précision.
1.1. Signal non
bruité à l'entrée du câble.
Appliquons à l'entrée d'un câble d'affaiblissement
A
en nombre naturels, ou en dB : A = 10 Log10 (A) à la fréquence du
signal, un signal pur, "sans bruit", de niveau S
(en µV). En réalité, le niveau de
bruit sera N0 =
k.T.DF et le rapport signal à bruit S/N0.
En sortie du câble, le bruit
sera toujours N0
et le signal S/A, le rapport signal à
bruit en sortie (S/N)sortie
= (S/N)entrée/A
ou en dB :
(S/N)sortie = Ssortie - N0 avec N0 bruit k.T.DF exprimé en dBµV comme le signal S
Nous voyons bien que l'affirmation disant que le signal à bruit est peu affecté par la présence d'un câble de liaison est grossièrement fausse, du moins si le signal est "propre" à l'entrée, car pour un signal qui à l'entrée présente un rapport signal à bruit (en dB) Sentrée - N0 a, en sortie verra son rapport signal à bruit diminué de A, atténuation du câble :
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1.2. Signal déjà
bruité à l'entrée du câble.
Appliquons
maintenant un signal déjà bruité par des éléments en amont. Pour être
concret, travaillons sur une exemple numérique, de transmission en MA/BLR d'un
signal de télévision en standard L.
A l'entrée d'un câble (qui pourrait être une sortie d'amplificateur),
supposons que l'on ait un signal de niveau 106 dBµV, avec un rapport signal à
bruit de 50 dB.
Ce câble a une
perte de 46 dB. Le niveau du signal en sortie est donc de 60 dBµV.
Le bruit à l'entrée du câble sera donc de 106 - 50 = 46 dBµV.
Ce bruit est composé du bruit fondamental k.T.Df
et d'un bruit que nous allons évaluer.
Convertissons ces données en nombres naturels : puissance en Watt,
affaiblissement en rapport de deux puissances.
Le niveau de 106 dBµV
correspond à une tension de 0,199526 Volt ou en puissance, à
(0,199526)²/75 = 0.00053081 Watt ou 0,53081 mW.
Le bruit à l'entrée est 50 dB en dessous du signal, et est donc 0,53081.10-5
mW ou 5,3081 nW.
Le bruit fondamental
k.T.Df,
comme nous l'avons vu précédemment, est de
2,3.10-14 Watt
ou 2,3.10-5 nW.
L'affaiblissement du
câble est de 46 dB, soit en nombre naturel un coefficient d'affaiblissement de
39811.
Le bruit en sortie du câble sera donc, hors bruit fondamental, de 1,333.10-4
nW et le bruit total de 1,333.10-4
+ 2,3.10-5
nW = 1,565.10-4 nW, soit en tension (75*1,565.10-13)0,5
ou 3,426.10-6 V ou 10,70 dBµV.
Le signal à bruit en sortie est donc de 60 - 10,7 = 49,3 dB et une dégradation de 0,7 dB, ce qui n'est pas négligeable.
Le graphique ci-dessous montre, pour le même niveau du signal à l'entrée du câble, 106 dBµV, et le même niveau de sortie de 60 dBµV, le rapport signal sur bruit en sortie en fonction du rapport signal sur bruit à l'entrée.
Si le signal à
l'entrée est pratiquement dépourvu de bruit, le rapport signal à bruit en
sortie est de 57,6 dB, qui correspond bien à 60 dBµV - 2,4 dBµV.
On peut également remarquer, si le rapport signal à bruit en entrée est à
cette même valeur de 57,6 dB, en sortie du câble il est dégradé de 3 dB.
Nous reviendrons là-dessus lorsque nous aborderons une formule simplifiée de
combinaison des rapports signaux à bruit.
2. Le rapport signal à bruit en sortie d'un équipement quelconque - Le facteur de bruit.
Nous avons vu en 1.1 que le rapport signal à bruit en sortie d'un câble est (S/B) sortie = (S/B) entrée - A, en exprimant toutes ces valeurs en dB, si nous appliquons à l'entrée du câble un signal non bruité par des équipements précédents.
De même, si à l'entrée d'un équipement quelconque nous appliquons un signal "parfait", c'est à dire simplement entaché du bruit fondamental k.T.Df , le signal sur bruit en sortie sera inférieur au signal sur bruit à l'entrée :
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F étant, par définition, le facteur de bruit de l'équipement considéré.
Remarquons que le bruit à l'entrée est k.T.Df (k constante de Boltzmann, égale à k = 1,38 10-23 J/°K, T température du conducteur en degrés Kelvin et DF la bande passante en Hertz, k.T.Df est donc alors exprimée en Watts).
Si le gain de l'équipement est en dB G, ou en nombre naturel G = 10 G/10, le signal à l'entrée est en Watts Sentrée, et en sortie Ssortie = G.Sentrée et le bruit en sortie est Nsortie = F. G. k.T.Df avec F = 10 F/10 ou en dB : Bruit sortie = F + G + N0
On en déduit une méthode de mesure du facteur de bruit d'un équipement actif. On charge l'entrée par une impédance égale à l'impédance caractéristique de l'équipement, et on mesure le bruit en sortie, après filtrage pour bien spécifier la bande passante de l'équipement, et on mesure le niveau de bruit en sortie à l'aide d'un voltmètre quadratique (voltmètre RMS). En mesurant le gain, on en déduira par calcul le facteur de bruit.
2. Le facteur de bruit de plusieurs éléments en cascade.
2.1. Deux éléments en cascade
Les éléments présentent des facteurs de bruit, en dB, F1
et F2, et des gains en dB G1 et G2.
Chargeons l'entrée du premier élément par une impédance égale à
l'impédance caractéristique de cet équipement.
Le bruit à l'entrée
est N 0= k T DF,
en sortie nous n'avons que du bruit, égal à F1.
G1. k.T.Df.,
en notant F1=
10 F1/10 et G1
= 10 G1/10.
Le deuxième équipement considérera qu'il dispose à son entrée d'un bruit fondamental
N 0= k T DF
et d'un signal
(F1.
G1-1). k.T.Df.
En sortie, nous aurons donc un bruit propre au deuxième équipement, F2.G2.k.T.Df et du bruit G2.(F1. G1-1). k.T.Df.
Nsortie
= F1+2.
G1+2. k.T.Df
= F2.G2.k.T.Df
+ G2.(F1.
G1-1). k.T.Df
en développant et ordonnant :
F1+2.
G1+2
= F1.
G1.G2
+ F2.G2-
G2
or G1+2
= G1.
G2
on en déduit :
Dans le cas d'un troisième élément, en écrivant que F1+2+3. = F1+2 + (F3 - 1)/ G1+2 et en poursuivant de proche en proche, on trouve :
Formule classique dite formule de Friis
3. Le rapport signal à bruit dans un système, formule approchée
3.1. Préambule : dégradation du signal à bruit due au câble.
De la courbe
de dégradation du signal à bruit due au câble, on voit que si l'on applique
à l'entrée un signal très peu bruité, on a une asymptote, qui est niveau de
sortie - N0. Avec la bande passante de la télévision en standard L,
5,58 MHz, et avec le niveau de sortie de notre étude, 60 dBµV, cette limite
est donc
60 - 2,4 = 57,4 dB.
Il suffit d'additionner les rapports bruit sur signal, d'entrée et de la limite
ci-dessus, pour obtenir une valeur approchée très proche de la réalité :
en dB : |
(S/N)sortie = -10*LOG10 (10^(-S/N) entrée/10+10^(-S/N)limite/10) |
En effet, en nombres
naturels, le bruit en sortie est : N0 = k.T.Df
Si on applique à l'entrée du câble un signal de niveau
Sentrée
Watt, avec un rapport signal à bruit (S/N
)entrée, le
bruit à l'entrée est donc
N entrée = Sentrée / (S/N )entrée |
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et si A désigne l'affaiblissement du câble : | N sortie = (N entrée - N0)/A + N0 | |
en remarquant que Sentrée = A.Ssortie : | N sortie/Ssortie = N entrée/Sentrée+ (1-1/A)N0/Ssortie | |
ou |
(N /S)sortie = (N /S)entrée+ (1-1/A)(N /S)limite |
La formule approchée consiste à négliger 1/A devant 1. Dans l'exemple de la courbe présentée de dégradation du signal à bruit due au câble, le maximaum de l'erreur, en dB, est de 10-4 dB, parfaitement négligeable. Cette formule approchée donne un rapport signal à bruit un peu plus mauvais que le calcul exact.
3.2. Formule approchée utilisée habituellement.
Dans une chaîne de transmission, nous appellerons contribution au bruit d'un équipement actif le rapport signal à bruit en sortie, l'entrée étant chargée par un signal sans bruit (si ce n'est le bruit fondamental N0 = k.T.Df ) au niveau prévu d'utilisation de cet équipement :
en dB |
(S/N) = Sentrée - F - N0 |
|
(S/N) = Ssortie - G - F - N0 |
Nous définirons
ainsi les contributions au bruit de chacun des éléments, (S/N)i = Ssortie
de l'équipement i - Gi - Fi - N0
Notons que l'on préfère utiliser le niveau de sortie, l'entrée de
l'équipement étant souvent muni d'un réglage, ou d'un égalisateur de câble
qui affectera le facteur de bruit de l'équipement.
La contribution au bruit de l'ensemble sera :
Cette formule est
approchée, mais elle a l'avantage d'^tre plus facilement utilisable que la
formule de Friis :
Cette loi de composition est commutative et associative, ce qui permet de bien
voir l'impact d'une modification des caractéristiques des différents
éléments.
C'est cette formule qui est couramment utilisée sauf :
En cas de réception de signaux faibles, où un préamplificateur est utilisé
Par contre, dans les chaînes de transmission où l'on prendra soin de rester à des niveaux suffisamment forts devant le bruit, elle sera d'un usage fécond.
3.3. L'utilisation de cette formule pour concevoir un plan de transmission.
Si dans un plan de transmission, vous voulez répartir les dégradations dues au bruit thermique, de façon équivalente entre deux sous-ensembles du réseau, si l'on désire au global un S/N meilleur que X dB, on autorisera pour chacun des sous-ensembles une dégradation maximale de X+3 dB.
Si nous avons une
partie centrale comportant un nombre réduit d'éléments, tandis que le
sous-ensemble en aval, par suite des répartitions, comporte un nombre important
d'équipements, on affectera à la partie centrale une faible dégradation, en
reportant sur la partie des différentes branches une dégradation plus
élevée :
répartition 80-20 : partie branches, X-7dB et partie centrale x-1dB, ce qui
donnera une qualité globale de X dB.
répartition 90-10 : partie branches, X-10dB et partie
centrale x-0.5dB, ce qui donnera une qualité globale de X dB.
Selon l'importance, en terme de nombre d'équipements, de la partie centrale
devant la partie moins noble mais plus largement diffusée, o, adoptera l'une ou
l'autre de répartition des dégradations.
Une étude d'optimisation économique pourra affiner ces options faites au
départ du projet.
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