André Socard Conseil

 

Rymes de Pernette du Guillet - 25 à 28

 
 

Orthographe selon l'édition  de 1546
(impression de l'édition de Paris, 1830)

L'édition de 1545

Transcription plus moderne

Rymes 25

Or qui en a, ou en veult avoir deux,
Comment peult-il faire deux Amours naistre ?
Ie ne dy pas que ne puisse bien estre
Vn cueur plus grand, que croire ie ne veulx :
Mais que tout seul il satisfeit à eulx,
Celà n'a point de resolution
Qui sceust absouldre, ou clore ma demande :
Et toutesfois ainsi qu'affection
Croist le désir, telle obligation.
Peult Dame avoir à la vertu si grande,
Que de l'amant la qualité demande
Double merite, ou double passion.

Or qui en a, ou en veut avoir deux,
Comment peut-il faire deux Amours naître ?
Je ne dis pas, que ne puisse bien être
Un coeur plus grand, que croire je ne veux :
Mais que tout seul il satisfit à eux,
Cela n'a point de résolution
Qui sût absoudre, ou clore ma demande :
Et toutefois ainsi qu'affection
Croît le désir, telle obligation
Peut Dame avoir à la vertu si grande,
Que de l'Amant la qualité demande
Double mérite, ou double passion.

Rymes 26 (Chanson)

Iay esté par vn long temps
Deceue de l'esperance :
Et si encor point n'attens
D'elle plus grand asseurance,
Que celle là, que ma foy
Me peult promettre de soy.

Ie voy les vns fort contentz,
Les autres pleins de souffrances :
De ceulx là les ris j'entens,
De ceux cy  la douleance*
Ces passions i'apperçoy
Regner toutes deux en moy.

Ie ris du bien ou ie tens
En tresgrand' resiouyssance :
Et pleure que ie pretens
Qu'vn autre en ayt iouyssance :
Ce que de mes yeulx ie voy,
Et à grand peine le croy.

Toutesfois tel passetemps
Me donne encor confiance
Qu'vn iour ie verray le temps,
Que cil fera la vengeance
Du mal qu'il m'a faict de soy
Au bien ou ie me deçoy.

J'ai été par un long temps
Déçue de l'espérance :
Et si encore point n'attends
D'elle plus grand'assurance,
Que celle-là, que ma foi
Me peut promettre de soi.

Je vois les uns fort contents,
Les autres pleins de souffrances :
De ceux-là les ris j'entends,
De ceux-ci la douléance*
Ces passions j'aperçois
Régner toutes deux en moi.

Je ris du bien, ou je tends
En très-grand' réjouissance :
Et pleure, que je prétends
Qu'un autre en ait jouissance :
Ce que de mes yeux je vois,
Et à grand peine le crois.

Toutefois tel passe-temps
Me donne encore confiance,
Qu'un jour je verrai le temps,
Que cil* fera la vengeance
Du mal qu'il m'a fait de soi
Au bien où je me déçois.

* douléance : plainte, chagrin
*  cil : celui

 

Rymes 27 (à un ami)

Prenez le cas que, comme ie suis vostre
(Et être veux) vous soyez tout à moy :
Certainement par ce commun bien nostre
Vous me deburiez tel droict que ie vous doy.
Et si Amour vouloit rompre sa loy,
Il ne pourrait l'vn de nous dispencer,
S'il ne vouloit contrevenir à soy,
Et vous, et moy, et les Dieux offenser.

Prenez le cas que, comme je suis vôtre
(Et être veux), vous soyez tout à moi :
Certainement par ce commun bien nôtre
Vous me devriez tel droit que je vous dois.
Et si Amour voulait rompre sa Loi,
Il ne pourrait l'un de nous dispenser,
S'il ne voulait contrevenir à soi,
Et vous, et moi, et les Dieux offenser.

Rymes 28

Soit que par esgale puissance
L'affection et le desir
Debattent de la iouyssance
Du bien dont se veulent saisir :
Si vous voulez leur droict choisir,
Vous trouuerez sans fiction,
Que le desir en tout plaisir
Suivra tousiours l'affection.
Soit que par égale puissance
L'affection et le désir
Débattent de la jouissance
Du bien dont se veulent saisir :
Si vous voulez leur droit choisir,
Vous trouverez sans fiction,
Que le désir en tout plaisir
Suivra toujours l'affection.

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